6 février 2007

C'est pas toujours facile pour tout le monde

Tu ne l'as pas eu facile. Même en étant pétant de santé, avec 2 bras, 2 jambes et tout le kit, ta vie auprès des autres a été extrêmement complexe à gérer jusqu'ici. Tout ce que tu peux te rappeler de ton enfance, c'est la solitude la plus complète et le sentiment d'être différent qui t'ont tenaillé durant tout ton primaire. Tu as passé tellement d'heures à te demander ce que le bon Dieu avait oublié de te donner à ta naissance, le morceau qui te manque pour être comme les autres et pouvoir être avec eux. Pourtant, tu as tout essayé: aucun bidule à la mode ne te manquait. Tu avais les vêtements, la bicyclette, la Playstation, tout. Tu as essayé de faire comme eux. Mais tu n'as jamais pu t'extirper de ton coin. Tu es simplement resté là, comme un bibelot sur le manteau de la cheminée, à attendre que le temps passe. Que tu en as vu passer des minutes. Les récréations du primaire sont devenues les longues pauses du secondaire auxquelles s'est ajouté une interminabe heure de dîner. Tes parents ont fait leur possible pour t'épauler. Mais dans leurs regards, tu voyais bien l'impuissance qu'ils ressentaient. Peux-tu leur en vouloir? Non, ils ont fait ce qu'ils ont pu. Mais que pouvaient-ils faire? Ils ne pouvaient que compatir avec une souffrance qu'ils avaient déjà éprouvée, il ya longtemps de cela. Puis, le vent a tourné. Doucement. Tu es entré dans leur monde, dans le monde des autres que tu regardais depuis toujours. Avec toujours un doute en tête. Et si ce n'était que pour se moquer de toi? Après tout, d'autres l'ont déjà fait. Tu es resté dans le cadre de la porte: un pied en dedans, un pied en dehors. Même après quelques années, tu doutes encore, tu n'as pas confiance. Tu as appris beaucoup mieux que tous les autres à reconnaître les regards, à reconnaître ceux qui ne sont là que par pitié. Ce changement dans le regard des autres a été la seule évolution de ta vie. Leurs yeux qui autrefois étaient plein de méchanceté enfantine sont maintenant remplis de pitié. Tu ne sais pas encore lequel tu préfères. Même si le vent a tourné, doucement, à chaque soir, tu ne peux t'empêcher de te demander pour combiem de temps encore tu seras à part du monde, si cette espèce de malédiction qui te suit depuis le berceau te suivra à jamais, si tu donneras cette tache de naissance à tes propres enfants. Est-ce que ce sera la même rengaine lorsque j'aurai un travail? Est-ce que je serai capable d'obtenir un travail? Est-ce qu'un jour je vais pouvoir entrer complètement dans leur monde?

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